Un moyen insolite pour responsabiliser les conducteurs avec le panneau « Chat en balade »
L’idée vient de Lionel Garnier, fondateur de l’association « Aux Mennechats » et agent appariteur de la mairie, qui, attristé de voir autant d’accidents causant la mort des félins a suggéré l’idée de ces panneaux de signalisation au maire.
C’est un matin « de trop » lorsque Lionel Garnier trouve un chat sur la route heurté par une voiture en se rendant à son travail à la mairie de Mennecy. Il explique avoir été « vraiment effondré ». C’est à ce moment qu’il se demande ce qu’il peut entreprendre pour éviter de tels drames.
Il imagine alors un panneau pour avertir les automobilistes. Il parle de son idée au maire qui décide de la soutenir, et entreprend les démarches pour concrétiser son projet avec l’aide du service écologie urbaine de la ville.
Un budget participatif à la région Ile-de-France lui est accordé. Il obtient ainsi 10 000 € pour concevoir et faire poser 36 panneaux.
C’est ainsi que les démarches administratives sont lancées pour faire homologuer et fabriquer les panneaux.
Au total il faudra 3 ans pour voir enfin les panneaux dans les rues de Mennecy.
Un moyen de sensibilisation…
>> A la cause animale :
Ce panneau a pour but de sensibiliser à la cause animale. En effet, on pense rarement aux chats lorsque le sujet de la vitesse au volant est abordé. Pourtant, ils en sont les victimes collatérales. Monsieur Garnier nous explique « Je n’aurais pas la prétention de vous dire que tout le monde ralentit. Il faut dire que quand on voit ces panneaux il ne faut pas penser que « chat ». Sur 100 personnes, si j’ai pu attirer l’attention d’une personne qui a levé le pied, si je peux faire ralentir de 10 km/h et sauver la vie de ce petit loulou moi j’ai gagné. »
Au-delà du panneau concernant les chats, il existe d’autres panneaux de sensibilisation à ces victimes collatérales de la vitesse. En effet, un panneau concernant les hérissons, gravement menacé d’extinction, existe déjà. Les détenteurs de chats peuvent se sentir rassurés par ces panneaux, qui ont donc été placés sur les lieux les plus accidentogènes pour ces espèces, mais également aux alentours de la clinique vétérinaire et du centre équestre.
>> A la sécurité routière :
En plus d’ attirer l’attention des conducteurs sur la mortalité des animaux sur la route, c’est aussi un moyen supplémentaire de les dissuader d’appuyer sur l’accélérateur.
Monsieur Garnier dit ne pas avoir « la prétention d’arrêter tous les incidents [mais] si j’ai pu sensibiliser ne serait-ce qu’une personne à lever le pied cela me rend fier”. Il souligne toutefois une baisse dans la mortalité des chats dans son périmètre.
« Quand on voit un panneau chat en balade, il vous fait :
– d’abord ralentir à plusieurs angles stratégiques, et donc agit sur la sécurité, non seulement des chats, mais également d’autres animaux, voir des humains !
– abaisser le bruit de la circulation. Effectivement, le fait de rouler plus doucement a un impact sur l’environnement sonore.
Un panneau en libre accès :
Tout a été pensé pour que cette signalétique se développe et soit utilisée à plus grande échelle. Pour cela, ce panneau si surprenant soit-il est homologué et libre de droit.
La commune en a déjà installé 36 grâce à des subventions de la région et au soutien de la commune pour développer le projet.
La ville incite d’ailleurs toutes autres communes tentées par l’installation de ces panneaux à les adopter. D’autres villes (Houdainville et Villotran) plébiscitent d’ores et déjà son usage.
« Je ne touche zéro euro. Ma seule victoire serait qu’un jour je parte en vacances en Bretagne et que je vois un de mes panneaux » conclut Monsieur Garnier
Une idée saluée :
L’idée a plu à certaines communes Franciliennes et Normandes qui ont pris exemple sur la ville de Mennecy. Lionel Garnier nous explique humblement mais non sans fierté que « mon panneau a été installé dans une ville du Gard de 2 000 habitants, à Bordeaux, etc. » […] « Et c’est une grande fierté »
Il prodigue volontiers ses conseils acquis grâce à son expérience. Il dit avoir fait toutes les démarches administratives pour éviter aux autres communes d’avoir à les entreprendre « Je leur fais gagner entre 8 et 12 mois ! ».
Cette initiative s’est également étendue au-delà des frontières.
Aujourd’hui Lionel Garnier est contacté pour ses panneaux même à l’international ! « Le Maroc, la Suisse … », « Mon idée a été fédératrice, je suis contacté de partout, au moins une à deux fois par semaine […] On a fait la une partout […] Je suis même interviewé demain pour un journal pour enfants ».
Elle lui a aussi value le label « ville Amie des Animaux », 3 pattes lui ont été attribuée et le jury a félicité la ville pour la deuxième année consécutive. « On a fait la une des journaux ».
Mais Monsieur Garnier a « d’autres projets ». Entre autres, il envisage, si le temps lui permet, de permettre « aux gens de faire incinérer leur animal et organiser une place avec une urne pour éviter de les enterrer dans les jardins […] je voudrais qu’on puisse leur donner un endroit de recueil pour mettre l’urne de leur animal ».
Le bilan après 1 an…
Les habitants semblent bien accueillir cette démarche et Lionel Garnier est désormais devenu « Monsieur Chat ».
Il rajoute :« la grande majorité me dit bravo et adhère à la démarche, même s’il existe toujours des récalcitrants ».
En tant qu’ambassadeur de l’identification des chats, il ne cache pas ses convictions : « S’il vous plait arrêtez de donner les chatons sous le manteau. On ne respecte pas les protocoles ; On ne les fait pas identifier ! Si votre animal s’en va à 10 ou 100 mètres de chez vous et que je le trouve, […] Je lui mets une puce, il est à moi. C’est la loi ! J’ai rendu 67 chats identifiés à leur maitre. […] Il y a toutes les informations sur la puce électronique. Et si, par malheur, il lui est arrivé quelque chose vous pourrez faire votre deuil parce qu’on vous le rendra. L’identification est ma grande bataille !»
La balade du chat est un voyage initiatique à la découverte de l’amitié. La balade du chat – Ludivine Trouilloud
